Suzanne RODILLON (1916-1988)
Suzanne RODILLON (1916-1988)
Composition zoomorphe ; bœuf écorché, circa 1955
Technique mixte : encre de Chine, gouache blanche, lavis gris, marc de café, déchirures
Signé « S. Rodillon » en bas à droite
75 x 46,5 cm
Née en 1916, Suzanne Rodillon, beauté intimidante et excentrique, évolue dans le milieu artistique parisien des années 1950. Ses contemporains la décrivent comme une femme fantasque et extravagante, « forte en gueule, forte en rire » *. Elle est proche des surréalistes puis fréquente les fondateurs du groupe CoBrA parmi lesquels le danois Asger Jorn. Ce mouvement pictural d’après-guerre naît à Paris en 1948 en réaction à la querelle opposant l’abstraction et la figuration. Les artistes qui le composent désirent produire un art affranchi des normes et des conventions occidentales en s’inspirant de formes artistiques issues de cultures primitives et exotiques (totems, calligraphie orientale, art préhistorique et médiéval.
Dès sa première exposition personnelle en 1956, le travail de Suzanne Rodillon est reconnu et loué par la critique. L’écrivain et critique d’art Alain Jouffroy évoque son œuvre en ces termes flatteurs : “ce travail me semble un des plus curieux exemples de recherche personnelle auquel nous assistons en ce moment à Paris”.
À partir de 1958, se succèderont une série d’expositions collectives prestigieuses, au Japon avec Roberto Matta et Max Ernst, en France, en Italie et en Angleterre. Ses œuvres originales et énigmatiques suscitent l’enthousiasme tant du public que d’amateurs éclairés (Peggy Guggenheim) et de poètes de son temps (Jean Paulhan et Jacques Prévert) qui ne cachent pas leur admiration pour l’artiste.
Suzanne Rodillon met en effet en place un langage plastique singulier privilégiant l’expression sans établir, à ses débuts, de frontière tranchée entre l’abstraction et la figuration et que l’on qualifiera parfois d’expressionnisme abstrait.
L’art étrange et mystérieux de Suzanne Rodillon se nourrit de cultures africaines et océaniennes qu’elle a approchées de près. Elle met ainsi en place une écriture, forte et personnelle, évoquant tantôt des sujets anthropomorphes (ill.1), tantôt un bestiaire mythique, voire primitif.
L’œuvre que nous présentons illustre à quel point l’artiste s’affranchit de tout formalisme stylistique, allant jusqu’à introduire du marc de café à la surface du papier qu’elle a au préalable entaillé de façon à ce que d’aucuns y voient une interprétation du Bœuf écorché de Rembrandt (1606-1669) (ill.2). Cette œuvre des années 1950-60 s’inscrit dans une période de création intense qui durera une dizaine d’années avant que, pour des raisons personnelles et familiales, l’artiste pose définitivement ses pinceaux en 1967 et retourne ses œuvres contre les murs de son atelier qu’elle fermera pour ne plus jamais y retourner
Principales expositions
Suzanne Rodillon, Milan, Galleria del Naviglio, avril 1960
Paintings and drawings by Suzanne Rodillon, Londres, Drian Galleries, février 1960 (article de la Revue XXe siècle par Edouard Jaguer à la bibliothèque Kandinsky)
Bibliographie choisie
Edouard Jaguer, Suzanne Rodillon, Milan, Galleria del Naviglio, 1960
Edouard Jaguer, Revue XXe siècle n°10, L’écriture plastique, Suzanne Rodillon : ateliers parisiens, p.84, 1958
Autres oeuvres de l’artiste en vente
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