Pierre Montheillet (1923-2011), paysagiste abstrait
Lyon, musée des beaux-arts, oeuvres de Pierre Montheillet, mars 2022.
Artiste lyonnais, fils et petit-fils de marchands de tableaux, Pierre Montheillet s’initie seul à la peinture au contact des toiles exposées dans la galerie paternelle de la rue Duguesclin. Il découvre avec une grande admiration les oeuvres du peintre Auguste Ravier (1814-1895) dont il deviendra l’expert attitré. Il occupera, pendant plus de quarante ans, le devant de la scène des arts plastiques à Lyon. Pierre Montheillet expose pour la première fois au Salon d’automne de 1939 avant de s’orienter définitivement vers une peinture non-figurative à la fin des années 1940. Il s’agit d’une tendance picturale qui se distingue de l’art imitatif mais aussi de l’abstraction et dont l’exposition manifeste “Vingt jeunes peintres de la tradition française” organisée en 1941 par Jean Bazaine regroupe des artistes tels qu’Alfred Manessier ou Charles Lapicque.
Se définissant avant tout comme un peintre de paysage, Pierre Montheillet mûrit son écriture plastique au contact de Hans Hartung qu’il rencontre en 1948. Il élabore un langage très personnel et devient rapidement le maître lyonnais du paysagisme abstrait. Il conserve ainsi une relation étroite avec le paysage sans toutefois se soucier d’une quelconque ressemblance avec la réalité qui s’offre à lui. Les oeuvres de Pierre Montheillet perdent leur aspect figuratif tout en réfutant la gratuité du geste lyrique propre à l’abstraction. Au travers d’un savant jeu de rythmes et de couleurs, ses oeuvres expriment les émotions ressenties face à la nature. Il retranscrit sur la toile les sensations que lui procure le monde extérieur, laissant ainsi une grande liberté de lecture au spectateur.
Ces deux grandes aquarelles gouachées que nous proposons (ill.1 & ill.2) se composent d’une alternance de larges aplats de lumière et d’ombre dans un ordre apparemment plus intuitif que réfléchi. Le peintre y exprime la spontanéité des émotions ressenties face à la nature et au paysage particulier qui l’occupe à ce moment précis tout en conservant la maîtrise du geste propre à sa manière.
La composition ci-dessous en vert et jaune (ill.3) que nous proposons est un monotype de Pierre Montheillet. Il s’agit d’une technique artistique qui consiste à apposer directement la matière picturale (encre, peinture à l’huile, gouache etc.) sur une plaque de verre qui sera ensuite passée sous presse afin que l’oeuvre peinte soit reportée sur une seule feuille de papier. L’oeuvre ainsi obtenue par ce procédé est unique. Inventée à Gênes (Italie) vers 1648, de nombreux artistes ont eu recours à cette technique à la fin du XIXe et au XXe siècle, en particulier Edgar Degas et Paul Gauguin. Notre monotype se compose de jaune et de vert qui se mélangent dans une matière assez épaisse au rendu format de petits grains. L’artiste y recourait depuis son atelier, principalement l’hiver.
Enfin, nous proposons également une oeuvre plus rare de Pierre Montheillet (ill.4) réalisée à la gouache blanche et au lavis d’encre où malgré l’absence de couleur on distingue parfaitement son approche très personnelle du paysage.