Paul GUILLAUME (1891-1934)

Paul GUILLAUME (1891-1934)
Le Verre et la bouteille, circa 1925
Huile sur carton entoilé
Signé en bas à droite
Porte les numéros « 1926 » et « 21 » au dos
38 x 45,5 cm
Provenance
Paul Guillaume, avant 1934 ; Domenica Walter-Guillaume (1898-1977), née Juliette Lacaze, veuve de l’artiste ; Jean Bouret (1914-1979), critique d’art, veuf de Juliette Lacaze ; Alain Bouret, fils de Jean Bouret ; sa vente à Paris, Hôtel Drouot, Thierry de Maigret, le 28 octobre 2021, lot 117.
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The Glass and the bottle, circa 1925
Oil on canvas board
Signed lower right
Annotated “1926” and “21” on the back
Figure incontournable du marché de l’art parisien du début du XXe siècle, Paul Guillaume est introduit auprès de l’élite artistique dès 1911 par son ami et mentor Guillaume Apollinaire. Très impliqué dans la reconnaissance des peintres d’avant-garde, il devient rapidement un collectionneur et marchand d’art reconnu. Son intérêt pour l’art africain s’épanouit dans le même temps et fait écho aux explorations esthétiques des artistes qu’il défend parmi lesquels Amadeo Modigliani, André Derain, Henri Matisse ou encore Pablo Picasso.
Dans une lettre du 13 mars 1916 adressée à Tristan Tzara, il se présente ainsi : “Je m’occupe aussi beaucoup de peinture : j’en fais et je défends et soutiens quelques amis”[1]. L'œuvre de Paul Guillaume reste assez méconnu. Sa pratique artistique autodidacte demeure en marge de son activité principale et révèle une autre facette de sa personnalité. Elle rompt avec l’audace et le caractère excentrique des toiles de ses proches telles que perçues par le public au début du XXe siècle. En effet, l’artiste, qui se définit comme un peintre du dimanche[2], réalise de petits tableaux intimistes loin de toute dimension avant-gardiste. Ses natures mortes, d’un réalisme simple et émouvant, témoignent de moments de vie suspendus.
Alors en pleine gloire, Paul Guillaume meurt prématurément à l’âge de 43 ans. Il demeure célèbre pour avoir créé un dialogue inédit et visionnaire entre peintures modernes et arts dits “primitifs”. Une partie de sa collection personnelle fait aujourd’hui la renommée du musée de l’Orangerie, acquise auprès de sa veuve, Domenica Walter-Guillaume, née Juliette Lacaze.
L'œuvre que nous présentons a vraisemblablement été exposée à Londres en 1934 lors d’une exposition monographique à la Mayor Gallery sous le numéro 15 : “le verre et la bouteille”[3]. L’exposition, organisée quelques mois avant le décès de l’artiste par un groupe de jeunes poètes anglais, regroupe 29 “tableaux de vacances”[4]. Quelques uns de ses tableaux avaient été exposés à la Galerie Danthon à Paris en novembre 1928 aux côtés de grands noms de la peinture contemporaine[5].
Une nature morte à l’assiette de fruits de mêmes dimensions, datée 1922 et référencée sous le numéro 2 du même catalogue d’exposition de 1934 a été acquise par le musée de l’Orangerie en 2018.
[1] Lettre de Paul Guillaume à Tristan Tzara, le 13 mars 1916, Paris Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, fonds Tristan Tzara, (TZR.0 1846
[2] Seventh Day Artist, (London) Evening Standard, 6 juin 1934.
[3] Paintings by Paul Guillaume, cat. expo. Londres, The Mayor Gallery, 5-30 juin 1934.
[4] Anonyme, Comœdia, 23 mai 1934, n°7774, p.2.
[5] Exposition d’œuvres de maîtres de la peinture contemporaine, Paris, Galerie Danthon, nov. 1928.
© A. BIOT-WORMS
A key figure in the Paris art market in the early 20th century, Paul Guillaume was introduced to the artistic elite in 1911 by his friend and mentor Guillaume Apollinaire. Very involved in the recognition of avant-garde painters, he quickly became a renowned art collector and dealer. His interest in African art blossomed at the same time, echoing the aesthetic explorations of the artists he championed, including Amadeo Modigliani, André Derain, Henri Matisse and Pablo Picasso.
In a letter to Tristan Tzara dated March 13, 1916, he introduced himself as follows: “I also do a lot of painting: I make paintings and I defend and support a few friends”. Paul Guillaume's work remains relatively unknown. His self-taught artistic practice remains on the fringe of his main activity and reveals another facet of his personality. It breaks with the boldness and eccentricity of the paintings of those close to him, as perceived by the public at the beginning of the twentieth century. Indeed, the artist, who defined himself as a Sunday painter, produced small, intimate pictures far removed from any avant-garde dimension. His still lifes, with their simple, moving realism, bear witness to moments of suspended life.
At the height of his fame, Paul Guillaume died prematurely at the age of 43. He remains famous for having created an unprecedented and visionary dialogue between modern paintings and the so-called “primitive” arts. Part of his personal collection, acquired from his widow, Domenica Walter-Guillaume, née Juliette Lacaze, is now part of the Musée de l'Orangerie's renowned collection.
The work we are presenting was probably exhibited in London in 1934 during a monographic exhibition at the Mayor Gallery under the number 15: “le verre et la bouteille” . The exhibition, organized a few months before the artist's death by a group of young English poets, featured 29 “vacation paintings”. Some of his paintings had been exhibited at the Galerie Danthon in Paris in November 1928, alongside some of the great names in contemporary painting.
A still life with a plate of fruit of the same dimensions, dated 1922 and referenced under number 2 in the same 1934 exhibition catalog, was acquired by the Musée de l'Orangerie in 2018.